Nieuwjaarsbrief

NieuwjaarsDRINK du Nouvel An | Herlees de brief van kunstenaar Mirra Markhaëva

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Kunstenaar Mirra Markhaëva deelde tijdens onze NieuwjaarsDRINK du Nouvel An haar wensen voor 2024 met ons. Je leest haar brief hier.


“Je m'appelle Mirra. Je viens d'une petite république du sud de la Sibérie nommée Bouriatie. Je fais partie des initiatives comme PostCollective, Free Buryatia Foundation et Indigenous of Russia.

Je vis en Belgique depuis 14 ans et la plupart du temps, j'étais sans papiers. Le hasard a fait que j'ai reçu aujourd’hui la bonne nouvelle : mon dossier a été approuvé.

"Une institution artistique est une énorme ressource : elle peut créer l'emploi, offrir une plateforme, aider avec les démarches administratives, et même donner un abri temporaire pour celles et ceux qui en ont besoin."

J'aimerais partager avec vous le savoir que j'ai acquis à travers mon expérience : aucun camp de réfugié·es, aucun programme d'intégration pour les immigré·es ne m'a jamais aidée à "m'intégrer" dans la société belge. Bien au contraire : ce sont des endroits qui nous isolent dans des boîtes étanches, dont on ne peut pas s’échapper facilement.

Ce sont les projets collaboratifs, les institutions artistiques, les résidences et les galeries d'art qui m’ont permis de tisser des liens avec la société belge et d’en faire partie, que j’ai pu m’établir en tant qu'artiste et non seulement réfugiée, que j’ai acquis l’expérience administrative nécessaire pour pouvoir travailler, que j'ai créé la connexion avec ce pays que je peux enfin appeler le mien.

Une institution artistique est une énorme ressource : elle peut créer l'emploi, offrir une plateforme, aider avec les démarches administratives, et même donner un abri temporaire pour celles et ceux qui en ont besoin.

J'ai construit ma base grâce à ces alliances artistiques. Des résidences artistiques ont effectué le travail qui devrait être fait par le gouvernement.  Être capable de travailler et de gérer un espace artistique est un grand privilège. Et dans un État où les droits sont refusés, un privilège permet de guérir.  

Plusieurs d’entre vous sont dans la capacité d'aider les gens marginalisés. Mais je vous demande surtout d'abandonner votre ambition de "sauver" les autres. Car ce sont les personnes marginalisées qui possèdent la connaissance la plus profonde sur les systèmes d'oppression et sont prêtes à la partager avec vous.

Comme deuxième point, j'aimerais vous parler de mon peuple bouriate. C'est un des peuples indigènes de la Russie, qui étaient là avant que l'empire Russe ait colonisé la Sibérie et l'Asie. Il existe encore un grand nombre de peuples indigènes, mais il y en a encore plus qui ont disparu, assimilés par l'Empire. Aujourd'hui, les Bouriates ne forment qu'une petite minorité dans leur propre république, la plupart ne parlent pas notre langue et notre culture est reconnue comme menacée.

C'est pour ça que je ressens une grande tristesse en voyant ce qui se passe en Palestine. Car une fois de plus on voit la même histoire se répéter : comment la colonisation détruit des peuples entiers. La sensation de voir le même cauchemar se répéter est étouffante, mais c'est pour cette raison qu'il est important de ne jamais fermer notre gueule et de continuer à parler de ce qui se passe en Palestine, mais aussi dans d’autres pays comme le Congo et le Soudan."